De l’Espagne au Québec

  • Carmen Matta Barreiro (Editor)
    Espagnes imaginaires du Québec. Presses de l'Université Laval
Reviewed by Kim Beauchesne

Le magnifique ouvrage collectif Espagnes imaginaires du Québec dirigé par Carmen Mata Barreiro est sans aucun doute une contribution significative aux domaines des études à la fois québécoises et hispaniques. Dans un contexte où la culture latino-américaine, elle-même d’une grande richesse, prend de plus en plus d’ampleur sur la scène intellectuelle du Québec, il est tout à fait pertinent de considérer la place qu’occupe l’Espagne dans l’imaginaire collectif de cette province francophone. Comme nous le rappelle la professeure Mata Barreiro au début de son œuvre, le Québec et l’Espagne (la communauté autonome de Catalogne y compris) partagent plusieurs aspects en commun qu’il convient d’explorer davantage.

L’un des points forts de ce recueil d’essais est qu’il se propose de déconstruire les stéréotypes de l’Espagne qui abondent dans le paysage culturel du Québec, souvent reliés au mythe de Carmen, à la tauromachie et aux plages légendaires. Même si ces images sont incontestablement fondées, il va sans dire qu’on se doit d’aller au-delà des lieux communs, comme le démontrent les réflexions sur Dehors les chiens de Jacques Folch-Ribas ou les poèmes de Juan Garcia parus dans la revue Liberté.

Un autre apport appréciable de cet ensemble d’écrits est l’énorme variété des thèmes couverts, ce qui reflète la diversité des dialogues émanant de la tradition de la tertulia. Des entretiens et récits d’ordre autobiographique à l’interprétation québécoise de La Celestina, il parcourt une panoplie de manifestations culturelles qui éclairent les interactions constantes entre la production artistique de l’Espagne et celle du Québec. Plus précisément, l’ouvrage se compose de trois parties : « Représentations de l’Espagne au Québec » porte sur la présence notable de l’Espagne dans la littérature québécoise; « Des représentations aux recréations » aborde les « voyagements » du théâtre québécois par rapport à son contact avec la culture espagnole; « Traduire l’Espagne, traduire le Québec » traite de la traduction en tant que processus et produit culturels. Chacun des textes qui sont inclus dans ces parties y a sa place, d’autant plus que quelques-uns d’entre eux permettent même de reconsidérer les œuvres d’artistes francophones de renom, tels que Robert Lepage et Jean-Pierre Ronfard. De plus, ce livre réunit les perspectives complémentaires de chercheurs (hispanistes et canadiens-québécois), créateurs et écrivains provenant de divers horizons professionnels : entre autres, Marie-Célie Agnant, Nadia Ghalem, Javier Rubiera, Beatriz Calvo Martín, Lucie Lequin, Isabelle Miron et Louis Jolicoeur.

Mis à part quelques coquilles, cet ouvrage collectif est admirablement rédigé et fait preuve d’une organisation exemplaire. Il a le potentiel d’attirer tous ceux qui s’intéressent au métissage culturel et à la mondialisation, notamment dans le cadre des études hispaniques et québécoises tant au Canada qu’en Europe. Quoiqu’il soit évident qu’une œuvre de ce genre ne peut épuiser le sujet en question, il s’agit d’un excellent point de départ qui nous invite à continuer de réfléchir sur les échanges culturels qui caractérisent notre monde actuel.



This review “De l’Espagne au Québec” originally appeared in Gendering the Archive. Spec. issue of Canadian Literature 217 (Summer 2013): 128-29.

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