La transculture et ViceVersa. Éditions Triptyque , and
En 2007, une vingtaine de personnes se sont réunies pour célébrer ViceVersa et revoir cette aventure intellectuelle et artistique qui a duré quinze ans. Les fondateurs Fulvio Caccia, Gianni Caccia, Antonio D’Alfonso, Bruno Ramirez, Lamberto Tassinari y étaient, de même que des collaborateurs, des illustrateurs et des lecteurs, au fond des penseurs, qui réfléchissent à la transculture, dont Walter Moser, Pierre Ouellet, Simon Harel.
Le livre réunit les textes des participants et retranscrit, dans la troisième partie, les « Dialogues croisés » entre les illustrateurs et les photographes qui ont collaboré à ViceVersa. Il se divise en cinq parties; la première et la dernière comprennent des textes de création ou de réflexion philosophique. La quatrième partie, plus mémorielle, relate des faits et des rencontres entre les fondateurs, de même que d’autres témoignages soit de personnes qui ont collaboré plus tard, soit des lecteurs attentifs à la transculture. La plupart de ces textes sont personnels. La contribution de Fulvio Caccia est surtout une réflexion sur le devenir immigrant et aurait pu être placée dans la deuxième partie. Ces textes intéressent pour la petite histoire de ViceVersa et des fondateurs ou collaborateurs. Ils disent aussi la passion et l’urgence qui les animaient. Si un jour, un chercheur retrace la grande histoire de ViceVersa, il devra s’y rapporter.
C’est la deuxième partie comptant sept réflexions majeures qui m’a le plus intéressée parce qu’elles débordent amplement sur la transculture plaçant l’effet ViceVersa dans un contexte large, et, en ce sens, sont d’intérêt pour tous les chercheurs s’interrogeant à ce sujet. J’en signale particulièrement trois. Le texte de Ouellet inscrit ViceVersa dans la lignée des phares intellectuels et culturels que sont, entre autres, Le Refus global et Les Herbes rouges. Il y voit un « nouveau partage du sensible » qui redessinent les rapports entre les êtres, les idées . . . Harel s’attarde aux écrivains italo-québécois qui auront été « parmi les premiers à faire le deuil de leur ethnicité afin de promouvoir une nouvelle forme de représentation du collectif québécois. » Moser, par une relecture d’un texte de Pierre Nepveu, montre comment s’est opérée la domestication nationale de la transculturation. Il est impossible de rendre compte de tous ces textes, parfois provocateurs (la nouvelle canadianité de Van Schendel, le transionisme de Anselmi), mais leur lecture vaut le détour soit pour nourrir sa propre pensée soit pour nuancer, voire mettre en doute ce qui est dit.