Innovation et poésie!


Lire Poems & Anti-Poems de Shanes Rhodes, c’est d’abord manipuler le livre, le tourner dans un sens puis dans l’autre pour entendre tout ce que le poète a à dire, pour s’arrimer à la langue de ce « book of verse [that] demands more of verse, this book demands perversity ». Ce livre, comme Rhodes le souligne, a été écrit « in the gaps between words written and words spoken, words meant and words meant only to fill the space of meaning ». Provocateur, original et intime, Rhodes parle des Amérindiens, de Idle no more, du Canada, des territoires, de ce qui l’anime… Il joue avec les conventions et les idées reçues. Son ouvrage en est un éclaté, difficile à suivre par moment. C’est un labyrinthe de mots et de poèmes dans lequel le lecteur peut se perdre avec un certain plaisir. Il est intéressant de préciser que la section intitulée « White Noise » a été composée à partir de commentaires parus dans des journaux canadiens entre le 20 décembre 2012 et le 28 janvier 2013; ces commentaires portaient sur Idle no more et sur la grève de la faim de Theresa Spence, chef des Attawapiskat.

Dans Songs That Remind Us of Factories, Danny Jacobs transporte le lecteur, pique sa curiosité, s’amuse avec la langue, installe des décors poétiques à lire et à entendre. L’originalité de ce poète est rapidement perceptible. Art, travail, dur labeur, vie de tous les jours, terre, machinerie, vie humaine et semences agricoles ponctuent sa poésie où l’innovation et l’imagination occupent une grande place. Jacobs n’hésite pas à jouer avec les sons et à modeler le sens des mots. Sa poésie « can help lay down roots, braid the soil, grow the shaky beginnings of a tree ».

La poésie de Michael McClure, quant à elle, en est une organique. De l’agencement des mots sur le papier aux associations entre le corps et l’esprit, il y a chez ce poète un engagement prenant racine dans les vers et leur sonorité. Spiritualité, rêve, viande, corps, squelette . . . Le poète se définit par sa quête et entraîne le lecteur à sa suite. Comme il le précise lui-même : « Language is the body – an extension of the body. » Tourné vers la science, les atomes, la biologie et le corps, McClure chemine et analyse le réel à l’aide de son regard unique. Ses poèmes plongent le lecteur dans des réflexions profondes. Il faut lire ce recueil ainsi que l’œuvre complète de ce poète associé à la Beat Generation.



This review “Innovation et poésie!” originally appeared in Recursive Time. Spec. issue of Canadian Literature 222 (Autumn 2014): 164-65.

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