Compte-rendu d’événement : journée d’études “La Claque. Violence et résilience en littérature québécoise contemporaine”

Le 5 mai 2016 s’est tenue sur le campus Glendon de l’Université York, à Toronto, la journée d’études au titre évocateur “La Claque. Violence et résilience en littérature québécoise contemporaine”. L’événement était organisé par Marie-Andrée Bergeron (Université de Calgary), Anne Caumartin (Collège militaire royal de St-Jean), et Marie-Hélène Larochelle (Université York, campus Glendon). En plus des sus-nommées, s’y sont trouvés réunis David Yeasya (U. Waterloo), Naba Al Najjar (U. York, campus Glendon), Daniel Letendre (U. Laval/UQAM), Daniel Laforest (U. de l’Alberta), Thila Sunassee-Thapermall (U. York, campus Glendon), Eftihia Mihelakis (U. Calgary), Sarah Rocheville (U. Sherbrooke), ainsi que les auteures québécoises Chloé Savoie-Bernard et Audrée Wilhelmy.

L’événement avait pour objectif d’interroger les modes actuels de réaction et de résistance à la violence en littérature, mais aussi ceux d’apaisement, d’atténuation, voire de guérison face aux formes les plus immédiates d’exercice de force indue qui caractérisent notre présent. Les glissements lents mais certains de la figure du migrant à celle du réfugié dans les médias, les formes d’affirmation féministes, ou encore queer, la puissance linguistique de la vulgarité, les problèmes liés aux concepts de “présent” et de “normalité”, la vulnérabilité et la subjectivité, les éthiques du care, le statut du corps et les approches biomédicales au 21ème siècle offrent la liste non-exhaustive des sujets qui furent abordés dans les communications et encore davantage lors des échanges pour la plupart passionnants qui les entrecoupèrent.

Il va de soi que la violence est un sujet inépuisable dans les études littéraires, qu’elle soit liée à une histoire culturelle ou non, à une époque ou à une autre. Il n’en demeure pas moins que son étude risque soit l’éparpillement conceptuel, soit l’embourbent dans des généralités tributaires de l’air du temps et des idées à la mode. À ce titre la violence est une notion tout particulièrement sensible à l’influence médiatique. Faute de discernement, le chercheur lui-même risque d’en reconduire les poncifs critiques. Cela, simplement, suffirait à justifier la nécessité d’une journée d’études comme “La Claque”. Mais celle-ci, dans ses grandes lignes, est parvenue à aller au-delà de sa pertinence initiale en donnant un tableau hétérogène quoique étonnamment cohérent et complémentaire des approches parmi les plus actuelles de la violence en littérature. On notera en particulier la charge critique formulée sous plusieurs formes et par plusieurs participants à l’endroit du concept de résilience dont on sent bien qu’il est désormais mûr pour une réévaluation généralisé dans le champ des sciences humaines. On saluera enfin la variété et la flexibilité des réflexions qui, sans déroger aux exigences crues de la résistance et de l’émancipation des subjectivités en situations minoritaires, ont su ne pas verser dans la rigidité identitaire. En somme, il a s’agit d’une journée d’études qui aurait pu être plus longue sans perdre un iota de la charge compacte qu’on avait sans doute voulu lui donner, en la concentrant en un moment de fulgurance analogue à son sujet. Dit autrement, c’est là un exemple à suivre dans l’étude cruciale de la violence en littérature et dans les représentations culturelles.