E?crire au pape et au Pe?re Noe?l : cabinet de curiosite?s e?pistolaires. Del Russo
Ayant consacre? nombre de ses ouvrages savants a? la litte?rature e?pistolaire franc?aise (surtout celle du dix-huitie?me sie?cle), Benoi?t Melanc?on, dans ce recueil contenant des pie?ces de?ja? publie?es ainsi qu’ine?dites, tente de se?duire un public plus divers (sinon le grand public) en l’invitant a? conside?rer le monde a? la fois myste?rieux et banal, mais toujours fascinant, des accidents e?pistolaires. Il devrait y parvenir.
Re?dige? avec un me?lange bien e?quilibre? d’e?rudition et d’e?clectisme, ce Cabinet de curiosite?s, fide?le a? son nom, offre aux lecteurs un panorama des formes multiples et he?te?roclites sous lesquelles se pre?sentent les correspondances. Les missives transmises par les pigeons et les hiboux, chante?es par Jacques Brel et Elvis Costello, dessine?es par Herge? et imagine?es par Re?tif et Jules Verne (parmi plusieurs autres), ont toutes leur place dans le riche tissu de « l’imaginaire e?pistolaire » de?fini par l’auteur.
Si la critique litte?raire se borne traditionnellement aux seuls « messages », le regard plus large (et plus ge?ne?reux) de ce recueil nous permet e?galement d’explorer plusieurs supports et divers canaux de communication : lettres manuscrites et imprime?es, naturellement, mais aussi te?le?grammes, courriels (et pourriels), chansons, bouteilles jete?es dans l’oce?an. . . . L’impression que laisse cette profusion est celle d’une humanite? toujours presse?e a? communiquer, toujours inventive (voire subversive) dans ses efforts pour combler ce de?sir : « en un objet, sentir un e?tre (cher) ».
Un tel ouvrage de?cevra ceux qui voudraient y trouver des renseignements spe?cifiques sur tel ou tel syste?me postal, telle ou telle production e?pistolaire : l’auteur, en invitant de futures e?tudes a? « se pencher sur l’imaginaire de la communication en sa dimension la plus concre?te » en est bien conscient. Ceux qui, par contre, prisent la valeur pe?dagogique et intellectuelle de l’anecdotique (sans rien dire du plaisir de l’anecdote) en profiteront e?norme?ment.