La Conscience du désert. Éditions du Boréal
La Conscience du de?sert de Michel Biron est constitue?e d’un assemblage d’essais pour la plupart publie?s dans diffe?rents ouvrages collectifs ou revues entre 1998 et 2007. Malgre? qu’il s’agisse la? d’un recueil, cette entreprise suit une ligne directrice, cette conscience du de?sert perceptible dans les diffe?rents textes la composant. Cette conscience du de?sert est plus directement nomme?e et de?crite dans l’avant-propos de l’ouvrage et marque la litte?rature que?be?coise a? la fois dans son e?loignement par rapport a? la litte?rature franc?aise et dans une fac?on d’e?tre relevant pluto?t de la « culture contemporaine ». D’abord, la relative autonomie et la force de la litte?rature que?be?coise qui la rendent pluto?t inde?pendante face a? la litte?rature franc?aise, sont aussi responsables de sa presque invisibilite? aux yeux de cette dernie?re et la font exister dans un de?sert, comme une i?le isole?e du continent. D’un autre co?te?, la culture contemporaine, ayant plus ou moins e?vacue? l’ide?e de contrainte, va me?me, comme le sugge?re Biron, jusqu’a? rompre « avec l’ide?e de rupture ou s’interdisait d’interdire », et laisse l’individu dans un vide ou? rien ne se pre?sente plus comme un e?le?ment rassembleur permettant la composition de communaute?s. C’est donc autour de cette double solitude, solitude de la litte?rature que?be?coise face au monde et solitude de l’individu contemporain, que s’articulent les seize essais de ce recueil, aussi regroupe?s en trois parties intitule?es respectivement : « Le de?sir de culture », « La tentation de s’effacer » et « Devant la litte?rature ».
« Le de?sir de culture » pre?sente la litte?rature que?be?coise par ses contours, de l’exte?rieur ou par jeu de comparaisons, en tout cas, « de loin » (comme dans « A? un lecteur e?tranger »). Les questions de la solitude, du manque d’une communaute? litte?raire que?be?coise comparable a? la bohe?me parisienne, de l’absence d’un certain canon litte?raire sont souleve?es.
« La tentation de s’effacer » montre la conscience du de?sert traversant plusieurs personnages d’œuvres que?be?coises et franc?aises, contemporaines ou non, sous le signe de l’isolement, de la de?pression, du refus du conflit, de l’indiffe?rence, de l’effacement de la distinction entre culture savante et populaire ou entre « ris de veau et poutine ». Cette perte de repe?res, ce refus de l’a?ge adulte et du conflit sont nomme?s comme e?tant des marqueurs de ce de?sert.
La dernie?re partie, enfin, « Devant la litte?rature », propose des pistes et des hypothe?ses sur la litte?rature que?be?coise que ce soit en re?fle?chissant aux avenues prises pour e?crire ou appre?cier la poe?sie, en sugge?rant de « miser moins sur la litte?rature que?be?coise en tant que projet collectif et davantage sur les e?crivains singuliers » a? l’exemple de la Belgique ou en signalant cette « cassure invisible » qui « fait de la litte?rature franc?aise une litte?rature quasi e?trange?re au Que?bec ».