Le beat des répliques à la puissance deux

  • Tomson Highway (Author) and Jean Marc Dalpé (Translator)
    Dry Lips devrait déménager à Kapuskasing. Prise de Parole
Reviewed by Stéphanie Nutting

La version originale de cette pièce de théâtre de Tomson Highway remonte à 1989, année où elle a mérité à son auteur le prix Dora Mavor Moore. Il a donc fallu attendre vingt ans pour avoir le plaisir de la lire en traduction française. Qu’est-ce qui a motivé Jean Marc Dalpé à en entreprendre la traduction après tant d’années ? Cette pièce de théâtre se déroule dans la réserve autochtone de Wasaychigan Hill, sur l’île Manitoulin en Ontario. Peut-être est-ce l’espace de l’Ontario rural qui a interpelé Dalpé, lui-même ontarien d’origine, quoique domicilié depuis un moment à Montréal. Si tel était le cas, ce ne pourrait certainement pas être la seule raison : le langage crépitant et le réalisme cru ont dû y être pour quelque chose également. La fable, elle, se résume à ceci : les femmes de la réserve décident de monter une équipe de hockey féminine devant le regard amusé et dubitatif de leurs maris. Mais ce projet collectif n’est qu’un canevas drolatique sur lequel s’inscrit un commentaire mordant sur les maux sociaux qui affectent la communauté. Tout y passe : l’aliénation, l’alcoolisme, la violence physique et verbale, et l’escamotage des mœurs et croyances ancestrales. Ces dernières sont incarnées par une Nanabush surnaturelle qui est aussi polissonne que désopilante. Il faut dire que, dans l’univers dramatique de Tomson Highway, le tragique et le comique se côtoient non seulement dans l’intrigue (qui a toute la force d’un ressort tendu) mais aussi à l’intérieur des dialogues; Dalpé, possédant une sensibilité esthétique semblable à celle de Highway, nous en livre une traduction magistrale. Ils ont tous les deux un sens de l’humour très fin. Dans cet univers de propos décapants et de personnages imprévisibles qui se disputent les jeux de places, les personnages savent que c’est le beat de la répartie et la finesse de l’esprit qui l’emportent. Grâce à cette heureuse traduction de Dalpé, la puissance du texte de Highway est désormais multipliée à la puissance deux.



This review “Le beat des répliques à la puissance deux” originally appeared in New Work on Early Canadian Literature. Spec. issue of Canadian Literature 213 (Summer 2012): 172-172.

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