Doric Germain pour tous

  • Lucie Hotte
    Doric Germain. Éditions David
Reviewed by Mathieu Simard

Dans son dernier livre, Lucie Hotte, professeure au Département de français de l’Université d’Ottawa, décortique l’œuvre de l’un des écrivains les plus étudiés dans les écoles secondaires de l’Ontario français : Doric Germain. Le romancier né au Lac Sainte-Thérèse se fait connaître en 1980 avec La Vengeance de l’orignal, puis avec Le Trappeur du Kabi (1981) et Le Soleil se lève au Nord (1991). Publiés aux Éditions Prise de parole et destinés à un public adolescent, ces trois romans mettent en scène le Grand Nord ontarien et interrogent les rapports à l’Autre, qu’il s’agisse de la Nature, des anglophones ou des Amérindiens.

Intitulé Doric Germain, le livre de Hotte s’adresse aussi bien aux étudiants et aux professeurs de français qu’aux chercheurs universitaires qui s’intéressent à l’œuvre du romancier franco-ontarien. L’auteure consacre la première partie de son ouvrage à une analyse détaillée de chacune des trois œuvres pour la jeunesse de Germain. En fait, Hotte reprend le format type de la collection « Voix didactiques — Auteurs » des Éditions David, dont son livre constitue le huitième numéro. Après avoir résumé le récit, elle étudie la représentation de l’espace et du temps, puis passe en revue les différents personnages. Enfin, elle présente les principaux thèmes de l’œuvre, opère un examen narratologique du texte et se questionne sur le genre auquel il appartient. Clair et concis, le premier segment du livre offre également plusieurs pistes de réflexion qui incitent le lecteur à approfondir sa compréhension des romans de Germain.

La deuxième partie de l’ouvrage est un dossier qui offre une documentation complémentaire à la section précédente. Hotte y présente un aperçu historique et sociologique de deux lieux d’importance dans les textes de Germain : la réserve amérindienne de Constance Lake, majoritairement anglophone, et la ville de Hearst, majoritairement francophone. Hotte retrace également les sources d’inspiration littéraires de Germain et propose une entrevue qu’elle a réalisée avec lui. Dans cette entrevue, il est question de la genèse des textes de Germain, de ses romans Poison (1985) et Défenses légitimes (2003), de même que de l’intérêt de l’écrivain pour la nature et le Grand Nord. Le lecteur apprend par ailleurs dans cette entrevue que Germain a commencé à écrire des romans adaptés aux préoccupations des jeunes afin de leur faire aimer la lecture. Quant à savoir si tous les textes de Germain sont adressés à un public adolescent, le romancier répond « qu’on n’écrit pas toujours pour un lecteur en particulier, mais souvent en réponse à des œuvres qu’on a lues ». Germain raconte que, jeune, il lisait les romans des Américains James Olivier Curwood et Jack London, dans lesquels « le beau rôle était donné aux anglophones »; et Germain aurait commencé à écrire afin de donner, pour une fois, le « beau rôle » à des francophones.



This review “Doric Germain pour tous” originally appeared in Gendering the Archive. Spec. issue of Canadian Literature 217 (Summer 2013): 162.

Please note that works on the Canadian Literature website may not be the final versions as they appear in the journal, as additional editing may take place between the web and print versions. If you are quoting reviews, articles, and/or poems from the Canadian Literature website, please indicate the date of access.

Canadian Literature is a participant in the Amazon Services LLC Associates Program, an affiliate advertising program designed to provide a means for us to earn fees by linking to Amazon.com and affiliated sites.